Michel Gbagbo en Pompe
Paris, le 7 juillet 2011
Mesdames, Messieurs les députés, émanation du peuple souverain,
Il y a de cela quelques semaines, nous vous avons alerté sur à la nécessité de mettre en place une commission d’enquête parlementaire, visant à éclairer les français sur les agissements de la force Licorne en Côte d’Ivoire. A deux exceptions près, la Représentation Nationale est demeurée silencieuse. Nous revenons vers vous cette fois pour porter à votre connaissance les traitements odieux dont font l’objet d’anciens officiels ivoiriens et un ressortissant français.
Nous constatons que le pouvoir législatif, délaissant ses prérogatives, ferme les yeux face à l’aventurisme colonial du gouvernement français. Votre silence, couplé aux campagnes de désinformation gouvernementale et médiatique, remet en cause les principes démocratiques qui régissent l’exercice du pouvoir exécutif encadrant votre action. Chaque jour qui passe ébranle la légitimité et la sincérité de l’action de la France dans ce que, selon toute vraisemblance, nombre de responsables politiques considèrent, non pas comme une ex-colonie mais comme une chasse gardée. Le but supposé de l’action de notre gouvernement était de permettre l’installation du candidat vainqueur de l’élection présidentielle au regard du droit interne ivoirien, et non pas au regard du droit international. Ceci aurait permis de lever tout soupçon pesant sur une intervention évoquant les politiques néocoloniales et expansionnistes des puissances occidentales.
Nous ne vous ferons pas l’affront de réécrire ici ce que nous savons tous. Il n’a pas été question de l’installation de la démocratie en Côte d’Ivoire, mais plutôt de la protection «d’intérêts» français et autres.
M. Alassane Ouattara, qui peut se féliciter d’avoir été installé au pouvoir grâce à la France et l’ONUCI, n’est pas un défenseur de l’état de droit et des libertés individuelles.
Non content de voir ses milices soupçonnées de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité (Cf. le rapport d’Amnesty international en date du 24 mai), il maintient, sans justification légale et dans des conditions violant les textes internationaux encadrant les droits des personnes, des citoyens au motif qu’ils sont de proches collaborateurs de M. Gbagbo. Nous vous citons M. Affi N’guessan Pascal, ancien premier ministre de Côte d’Ivoire, maintenu avec ses camarades d’infortune dans la prison politique de Bouna.
Les images que nous mettons à votre disposition sont particulièrement insoutenables. Nous attirons particulièrement votre attention sur un point. Dans cette vidéo est clairement identifiable un ressortissant français, M. Gbagbo Michel.
Est-il concevable que la Représentation Nationale reste sans réaction à la vue des maltraitances qu’il subit?
Autre question solennelle : son patronyme le prive-t-il de la protection diplomatique de l’Etat français ?
Si oui, notre droit positif aurait-il entériné une nouvelle distinction parmi les citoyens français? Nous n’avons trouvé, malgré nos recherches, aucune trace d’une telle modification juridique…
Il est temps que la Représentation Nationale prenne ses responsabilités et engage toute mesure appropriée pour faire cesser ces atteintes répétées à l’intégrité physique et à la dignité d’un citoyen français, qui comme tout justiciable, à fortiori présumé innocent, doit jouir de toutes le garanties reconnues par le droit français et les normes internationales en vigueur.
Il est temps que la Représentation Nationale engage les actions en son pouvoir, pour contacter et faire revenir à la raison les dirigeants que notre armée a installés à la tête de l’Etat ivoirien. Mardi dernier le Tribunal aux armées de Paris a accepté d’instruire une plainte. Celle-ci déposée il y a plus de sept ans par des refugiées rwandaises qui, fuyant les massacres perpétrés lors du génocide de 1994, se sont retrouvées être victimes présumées de viol, du fait de militaires rattachés au contingent de l’opération Turquoise. Y-aurait-il une fatalité ou une tradition qui condamnerait la France à être synonyme de forfaiture et d’atteinte aux droits de l’homme en Afrique ?
L’image de notre pays a été gravement écornée du fait de guerres menées dans des pays africains souverains, guerres reflétant le droit du plus fort et un impérialisme à peine dissimulé. Il est peut-être opportun, par le biais d’une action énergique auprès des autorités ivoiriennes, de favoriser l’application des normes de droit et de respect de la dignité humaine, normes indissociables au bon fonctionnement d’une véritable démocratie. Cette action en faveur des prisonniers politiques ivoiriens concourt également à la libération sans condition de notre concitoyen Michel Gbagbo. Ceci permettrait de rassurer les citoyens français et les peuples africains, quant à l’attachement de la France aux principes de droit qu’elle se plaît à promouvoir…
Nous réitérons, par la même occasion, notre demande visant à la formation d’une commission d’enquête parlementaire portant sur l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire. Le précédent rwandais, remis sous les feux de l’actualité par la décision du Tribunal aux armées cette semaine, démontre la nécessité de lever dès à présent toute ambiguïté concernant l’action française en Côte d’Ivoire. M. Dominique Paillé a eu à connaitre, à travers l’expérience d’un proche, des méthodes peu démocratiques de nos alliés de circonstances. Il est un exemple, certainement plus évocateur que les morts ivoiriens anonymes. Partant, le caractère impératif que revêt toute action tendant à laver les militaires français du soupçon de «collaboration» avec les milices ouattaristes (qui n’ont rien de républicaines) s’impose.
Il est impératif d’éviter à l’armée, et par ricochet à l’Etat français, de se retrouver, pour la seconde fois en moins de vingt ans, sur le banc des accusés aux côtés de régimes soupçonnés de pratiquer des massacres (ethniques et d’opposants). Nous souhaitons ne pas vous laisser indifférents à la vue d’atteintes à la dignité humaine et de violations patentes des textes internationaux organisant la protection des droits de l’homme. Voici le lien permettant d’y accéder, bon courage… Vidéo
En attendant votre réponse,
Respectueusement, Pour Alternatives et Cohérence
Ahouansou Séyivé
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