Le Temps
J’ai eu froid dans le dos. L’âme affaiblie. Je ne savais pas que cette nouvelle allait autant me secouer. J’ai éprouvé une grave sensation de privation de liberté. Ce, lorsque j’ai appris au journal télévisé de Tv5, ce mardi 17 mai 2011, que le conseiller militaire d’Alassane Ouattara sera un français. Et que Nicolas Sarkozy se rendra en Côte d’Ivoire samedi 21 mai pour l’investiture de Ouattara. La consœur n’a pas révélé le nom de ce conseiller militaire. Mais l’information suffit.Il ne manquait plus que cela ! Le conseiller militaire du nouveau Président de la République de Côte d’Ivoire, un Français. En clair, le véritable ministre de la Défense de Ouattara, sera un ressortissant français, la gâchette de Nicolas Sarkozy. Sa gâchette contre les patriotes ivoiriens. Nous y voici ! La colonie se reconstitue.
L’houphouétisme ! Cette philosophie dont se réclame Ouattara, n’entendait donc pas épouser les temps nouveaux, mais se veut viscéralement attachée aux contraintes du premier Président de la Côte d’Ivoire, entouré alors de conseillers français. Qui n’étaient que les yeux, les oreilles et les bras séculiers de Paris dans ce pays de nouveau violé. En ce siècle de l’Ipad, 2011, un Etat souverain, s’encombre de conseillers… militaire et certainement économique de l’ancienne puissance coloniale ! Voilà un coup de massue qui nous renvoie à ce slogan de campagne : « Candidat des Ivoiriens en face du candidat de l’étranger ».
Bombardement de l’étranger sur des populations civiles ivoiriennes. Bombardement de la résidence du chef de l’Etat par des forces étrangères coalisées. Coup d’Etat sanglant de la France contre le régime de Laurent Gbagbo. L’escorte du nouveau Président ivoirien assurée par l’armée française. La régulation de la circulation à Abidjan depuis une semaine, par la gendarmerie française, selon DirectScoop. Le point d’honneur du chef de l’Etat français à marquer sa présence à l’investiture de Ouattara à Yamoussoukro, le 21 mai pour signer son coup d’Etat du 11 avril 2011…
Et quoi encore... En tout cas, on peut le dire : la France est au pouvoir en Côte d’Ivoire. Et le sentiment qui se dégage aujourd’hui avec la présence trop visible des gendarmes français sur les grands axes de la capitale économique du pays, est que Paris se sent plus gêné par la moindre contestation de la rue ivoirienne que son pion Alassane Ouattara même. D’où le déploiement incroyable de sa force brutale d’occupation pour dissuader toute velléité de soulèvement. Si pour installer Ouattata au pouvoir, la France n’a pas hésité à bombarder aux missiles les populations civiles à la résidence du Président Gbagbo à Cocody et, plus tard, à Yopougon, que ne serait-elle pas capable de faire avec un conseiller militaire français aux côtés de cet homme ? Comme une chape de plomb, la recolonisation s’abat sur la Côte d’Ivoire. Et ce, au grand jour, sans que cela n’émeuve les bien-penseurs du monde.
De quoi affaiblir une âme patriote. Car l’armée française se trouve à tous les points stratégiques de la Côte d’Ivoire. Ses chars et ses soldats sont dans les forêts et la broussaille, camouflés pour maintenir les Ivoiriens dans l’esclavage. Dans ces conditions, à quand donc notre indépendance ?
Après l’échec de la résistance patriotique menée par Laurent Gbagbo face à l’impérialisme et la brutalité de la France, l’Ivoirien sur qui tablait l’Afrique pour son éveil et son indépendance véritable, aura-t-il les moyens de se dresser, comme l’a fait l’Algérie, face à la même France esclavagiste ? Tout le monde n’a pas la force et l’intelligence de Ben Laden pour signer, immédiatement et en grande échelle, sa riposte à l’injustice.
Se faire justice n’est pas une option indiquée. Mais lorsqu’une force injuste crée la désolation et que les recours légaux se montrent corrompus, que faire ? Le Ciel agit à sa guise et des villages entiers sont effacés de la carte du pays, avec de milliers de morts. Des morts innocents. Et même si plus tard, le Ciel frappe le prédateur (ou son peuple), celui-ci ne fait pas toujours la corrélation entre la cruauté à laquelle il avait soumis un peuple innocent et le malheur qui l’assaille maintenant. Ce malheur (canicules, tornades, inondations, etc.) est bien souvent classé, à raison, au rang des catastrophes naturelles. Or, une réaction humaine revendiquée, fait prendre conscience. Voilà la différence.
Mais nous devons demeurer sages et nous garder de nous faire justice. C’est pourquoi nous nous sentons anéantis. Au moment où les peuples indépendants depuis 50 ans œuvrent pour leur souveraineté économique, la France replonge la Côte d’Ivoire dans les pesanteurs de la colonisation. Triste, tout cela !
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