De quoi apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui doutent d’elle, et qui y voient la copie conforme de sa sœur aînée, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), très critiquée —souvent à juste titre— pour ses criantes carences. Créée en 1963 à Addis-Abeba (Ethiopie), l’OUA avait largement échoué dans la plupart des objectifs qu’elle s’était fixés. Echec sur le renforcement de la solidarité entre Etats membres et la coordination de leurs politiques. Fiasco sur la défense de leur souveraineté, l’intégrité de leurs territoires et de leur indépendance. Témoins les conflits au Liberia, en Somalie, en Sierra Leone, au Rwanda, au Burundi et en République démocratique du Congo.
Portée sur les fonts baptismaux en juillet 2002 à Lusaka (Zambie) à l’initiative des anciens présidents du Nigeria Olusegun Obasanjo, d’Afrique du Sud Thabo Mbeki —le chantre de la Renaissance africaine— et du guide libyen Mouammar Kadhafi, l’UA était censée faire oublier l’OUA. Et s’était fixé des objectifs très ambitieux: œuvrer à la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et du développement à travers le continent, surtout par l’augmentation des investissements extérieurs par l’intermédiaire du programme du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad).
De nouvelles institutions inspirées de l’Union européenne sont créées et, en 2003, Alpha Oumar Konaré (président du Mali de 1992 à 2002) est nommé président de la Commission. Les décisions prises et les recommandations formulées par les chefs d’Etat africains au sommet d’Addis-Abeba en juin 2004 —en particulier la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance— persuadent ce démocrate et panafricain convaincu que le moment est venu de faire de la jeune organisation le fer de lance d’une Afrique nouvelle, prête à se réformer en profondeur, à regarder en face ses maux sans tabou et à se donner les moyens d’y remédier. Son tonitruant «l’Afrique est de retour» reste encore dans toutes les mémoires.
Mal lui en a pris. Très vite, toutes ces bonnes résolutions sont tombées dans les oubliettes. Et Konaré s’est retrouvé confronté aux mêmes maux qui avaient plombé l’OUA: immobilisme des chefs d’Etat —notamment les plus anciens— et manque criant de moyens. Pour mémoire, en juillet 2006, lors du sommet de Banjul (Gambie) seuls 12 Etats membres sur 53 avaient versé leur cotisation. Onze pays, très mauvais payeurs, étaient suspendus. Les arriérés s’élevaient à 931.189.331 dollars (647,37 millions d’euros). Et pas sûr que les choses aient fondamentalement changé cinq ans plus tard.
Autre mauvaise surprise pour l’ancien chef de l’Etat malien: contrairement à la Commission européenne dont la fonction principale est de proposer et mettre en œuvre les politiques communautaires —elle joue en quelque sorte le rôle de gardienne des traités et veille à leur application— la Commission africaine n’a aucun pouvoir. Tout au plus, les chefs d’Etat africains la considèrent comme un secrétariat exécutif, analyse un politologue africain.
Inga kommentarer:
Skicka en kommentar