Dans une brillante analyse de nos confrères de l’Inter publiée dans nos colonnes (Rumeurs de coup d`Etat / Pourquoi le Ghana fait peur aux nouvelles autoritéshttp://www.ivoirediaspo.net/?p=5899 ) , il est fait mention des différents paramètres qui justifieraient la peur bleue qu’ont Soro Guillaume et Alassane Ouattara de voir un coup de force partir du Ghana pour frapper le cœur de leur régime. Si un seul point a été omis dans cette analyse, c’est le nom de Jerry Rawlings.
En effet, Monsieur Rawlings n’a jamais caché son opposition au recours de la force pour enlever le président Gbagbo(http://www.ivoirediaspo.net/?p=2791). « Des résultats d’élection plus scandaleux ont eu lieu dans d’autres pays sans intervention. Comment peut-on justifier une intervention dans ce cas… »
Le président Rawlings n’a pas accepté le fil conducteur de la volonté acerbe de l’Onu et de la Cedeao d’utiliser les moyens militaires contre le président Gbagbo alors que les résultats n’établissent pas clairement Alassane Ouattaracomme vainqueur des élections.
« La situation est certes embarrassante pour l’Afrique mais également inquiétant est le fait que plusieurs subversions ne sont pas mentionnées par les médias internationaux. Les rapports d’observateurs qui condamnant la conduite des élections dans plusieurs parties du pays ont été totalement ignorés par les médias internationaux.
Certaines régions ont enregistré des votes plus élevés que la liste totale des électeurs enregistrés… dans certains secteurs l’on n’a pas permis au personnel de la commission électorale et un certain parti de travailler librement. Ce faisant, il est impérieux qu’une enquête appropriée soit instamment conduite » pour rétablir la vérité.
Ainsi, en lieu et place de la violence préconisée par l’axe Dakar-Ouagadougou-Abuja Rawlings avait préconisé le dialogue en en appelant à la dignité africaine. Pour l’ex-président ghanéen, il aurait fallut considérer les rapports des émissaires de l’Union africaine qui mentionnent clairement qu’il ya eu violences et tricheries en faveur de Ouattara dans la zone septentrionale de la Côte d’Ivoire. En plus de ces rapports, le président Rawlings avait exigé qu’on accorde une attention particulière au rapport de l’ex président sud africain Thabo Mbeki, envoyé ad hoc de l’Union Africaine quelques jours après les résultats controversés du deuxième tour des élections.
« Il y a trop de questions cruciales sans réponse. Les détails du rapport du représentant de l’Union Africaine, le Président Thabo Mbeki, devraient être rendus publics pour aider à démêler la nature de la situation. »
Comme il est aisé de le comprendre, Jerry Rawlings ne considère pas tout de go Ouattara comme le vainqueur des élections en Côte d’Ivoire, aussi, il se dit indigné de la manière dont la dignité politique africaine est bafouée par la presse internationale qui a refusé de traiter la question ivoirienne de manière objective. Pour épargner la vie des civils en Côte d’Ivoire, l’ex-président ghanéen avait totalement rejeté l’option militaire mais l’axe d’Abdoulaye Wadequi soutient Ouattara a préféré faire parler les armes.
La force appelant la force, il est naturel que des personnes qui pensent que Laurent Gbagbo a été traité injustement aient recours à la force contre le régime de Ouattara pour rétablir l’égalité. Parmi ces personnes, le pouvoir actuel d’Abidjan verrait le capitaine Rawlings en tête de file. Est-ce à tort ou à raison, l’histoire nous en dira plus mais pour l’instant c’est une réalité qui ne souffre d’aucune contradiction que l’ex président du Ghana qui fut aussi capitaine de l’armée est une figure imposante dans son pays. Jerry Rawlings fait partie des personnes qu’il faille avoir pour et non contre soi. Tous les chefs d’état du Ghana savent sa capacité de nuisance quand on l’a contre soi. Une grande partie de l’armée du Ghana continue d’aduler l’homme bien qu’il ait quitté la scène politique. Il est respecté et craint.
Si à Accra il n’ya pas de lien établi entre Rawlings, l’armée ghanéenne et des déserteurs des forces de défense de Côte d’Ivoire, à Abidjan, en revanche, les regards sont pointés vers l’ex-président ghanéen. Certes, Soro ne l’a pas encore dit publiquement mais il croit absolument que M. Rawlings va frapper le pouvoir de Ouattara.
De toute évidence, ce ne serait pas surprenant non plus quand on sait que Jerry Rawlings fut un ami très proche de Thomas Sankara, tué par Blaise Compaoré, l’actuel homme fort de Ouagadougou. Aussi, par le fait que c’est le Burkinade Blaise Compaoré qui avait servi de base arrière pour attaquer le pouvoir de Laurent Gbagbo en 2002 et que c’est avec les renforts de l’armée burkinabè que les forces de Ouattara ont attaqué les positions tenues par les forces de défense de la Côte d’Ivoire en avril 2011 Ouattara sait pertinemment qu’il n’est pas l’ami de Rawlings. Au Ghana, il ne peut compter qu’avec Kofi Annan qui n’a aucune base politico-militaire actuelle dans son pays.
A un spécialiste ivoirien des relations internationales à qui nous avons posé la question de savoir si des déserteurs de l’armée ivoirienne s’organiseraient au Ghana pour frapper le pouvoir de Ouattara, il nous a répondu « oui ». Et à la question de savoir si Rawlings serait impliqué d’une manière ou d’une autre, il a répondu « je pense que ce genre d’opérations ne peuvent pas avoir lieu au Ghana sans que le très influent Rawlings soit informé ».
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