Du coup, les réussites de l’UA peuvent se compter sur les doigts d’une main. Le Nepad, plus personne n’en parle. Même l’un de ses inspirateurs, le président sénégalais Abdoulaye Wade reconnaît que c’est un échec. Pire, l’organisation n’a jamais véritablement brillé dans la prévention et la résolution des nombreux conflits qui ont déchiré le continent africain ces dernières années.
Sans la fermeté des Etats-Unis, qui ont pesé de tout leur poids pour faire partir Charles Taylor, rien ne dit que la guerre civile aurait pris fin au Liberia en 2003. Elle a fait preuve de la même impuissance en Sierra Leone. Il aura fallu que la Grande-Bretagne, l’ancienne puissance colonisatrice, prenne les choses en main en y envoyant ses troupes d’élite pour mettre définitivement hors d’état de nuire les sinistres rebelles du RUF du sanguinaire Foday Sankoh, qui avait mis le pays à feu et sang.
Dans le domaine des droits de l’homme, l’UA n’a pas non plus fait des étincelles. Récemment, elle n’a pas pipé mot sur les bombardements de Mouammar Kadhafi sur son propre peuple en Libye. Comme elle avait fermé les yeux sur les extravagances et les dérapages du président zimbabwéen Robert Mugabe. Si, au Darfour, elle a réussi à obtenir un accord partiel, elle a manqué de fermeté vis-à-vis du gouvernement dans ce conflit qui sévit au nord-ouest du Soudan depuis 2003. Autre tache sombre sur sa jeune histoire, la façon dont elle a géré la crise déclenchée au Togo après le décès de son ancien président, le général Gnassingbé Eyadéma et le conflit qui s’en est suivi avec la prise du pouvoir contestée de son fils Faure Gnassingbé en 2005.
Un manque de volonté politique?
Au cours de ces événements dramatiques, Olusegun Obasanjo, alors président en exercice de l’Union, avait désavoué publiquement Alpha Oumar Konaré et les positions prises par ce dernier. Le président de la Commission, qui s’était insurgé contre les exactions de l’armée togolaise à l’encontre des militants de l’opposition, avait nommé en mai 2005 l’ex-chef d’Etat zambien Kenneth Kaunda comme représentant spécial pour le Togo, chargé de diriger une commission d’enquête sur les violences postélectorales. Choix validé par le Conseil de la paix et de sécurité de l’Union... mais jugé «nul et non avenu» par Olusegun Obasanjo.
Alpha Oumar Konaré, qui ne s’en est jamais remis, a préféré jeter l’éponge en 2007 à l’expiration de son premier mandat —non sans avoir exprimé sa très grande amertume (fichier DOC) en juin 2006, lors de la 9e session ordinaire du Conseil exécutif de l’organisation à Banjul:
«L’Union africaine est trop lourde. Ses chefs d’Etat marquent délibérément le pas et manquent cruellement de volonté politique […] Ma conviction en l’Afrique unie est forte, même si je dois dire aujourd’hui que mon enthousiasme s’émousse…»
Un état des lieux sans concession que Jean Ping, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Gabon, qui lui a succédé le 1er février 2008 pourrait signer des deux mains.
Lorsque je lis votre analyse portant sur l'échec de l'UA je me demande si l'OUA bien qu'elle a échoué avait plus d'initiatives politiques que l'ua d'aujourd'hui?
SvaraRaderaNe pensiez vous pas que pour qu'il y ait véritablement union africain il faut une régionalisation effective de l'Afrique car tous les pays africains n'ont pas les problèmes?