«L’initiative qui a été présentée aujourd’hui est dépassée. Le peuple réclame le départ du guide libyen Mouammar Kadhafi et de ses fils. Toute initiative ne tenant pas compte de cette demande n’est pas digne de considération.»
En quelques mots, Moustapha Abdeljalil, le chef des rebelles libyens a opposé le 11 avril 2011 à Benghazi une fin de non-recevoir à la médiation de l’Union africaine (UA), acceptée la veille par Mouammar Kadhafi. La feuille de route proposée par l’organisation panafricaine visait à trouver une issue pacifique au conflit en Libye. Elle prévoyait notamment la «cessation immédiate des hostilités», la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations, mais aussi le lancement d’un dialogue «entre les parties libyennes».
C’est une humiliation pour la délégation africaine, composée du président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso et de ses homologues Amadou Toumani Touré (Mali) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie). (Jacob Zuma, qui faisait partie du groupe à Tripoli, n’a pas effectué le déplacement dans la capitale des insurgés.)
Un camouflet qui confirme la mise hors jeu de l’UA dans le dossier libyen —ce qu’a reconnu à demi-mot et tout en le déplorant Jean Ping, le président de la Commission de l’organisation le 24 mars dernier, au micro de RFI:
«Lorsque l’Union européenne et les autres préparaient la résolution 1973 et son application, personne n’a demandé notre avis. Madame Catherine Ashton et Alain Juppé sont allés au Caire, mais pas à Addis-Abeba. C’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas venus non plus au sommet international Union européenne-Union africaine-Ligue Arabe sur la Libye, organisée à Paris le 19 mars dernier. Nous ne voulions pas faire de la figuration.»
Quelques semaines après ses atermoiements et son incapacité à faire appliquer de façon concrète ses propres résolutions en Côte d’Ivoire, c’est une contre-performance de plus de la part de l’organisation panafricaine.
Mouammar Kadhafi avec Denis Sassou Nguesso, Jacob Zuma et Mohamed Ould Abdel Aziz, à Tripoli, le 10 avail 2011
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