Horacio Béno Freitas est un politique togolais. Il fut ministre de la Culture, des Loisirs, de la Jeunesse et des Sports dans différents gouvernements, sous feu Eyadèma Gnassingbé. En 2009, il a fait venir Simone Gbagbo à Lomé pour la présentation de son ouvrage « Paroles d’honneur ». Sans langue de bois, M. Freitas passe au peigne fin les dernières convulsions de la vie politique africaine, par le canal de l’actualité ivoirienne. Lisez plutôt l’interview exclusive accordée à Afrsicoop.
AfriSCOOP : Comment avez-vous vécu la capture de Laurent Gbagbo par les Forces républicaines, avec le soutien des forces spéciales françaises ?
Horacio Freitas : D’abord, le mot « capturer » veut tout dire ; comment peut-on capturer un Chef d’Etat, un Président de la République si ce dernier n’était pas en fuite après avoir été jugé et condamné par un Tribunal. Et puis, en moins de dix ans, les forces qui étaient appelées « forces rebelles » sont devenues des « Forces républicaines ». Evidemment tout est possible dans une République bananière comme nous en avons tant en Afrique !
Pour répondre à votre question, je vous dirais que j’ai très mal vécu tous ces moments de souffrance morale pour moi et surtout, j’ai compris que nous étions à des années-lumière de la considération que j’aimerais que l’Occident ou nos anciens colons aient pour nos dirigeants africains. Quelle catastrophe !
Quelle lecture avez-vous faite du débat passionné dans l’intelligentsia africaine entre pros et contre ingérence de la France dans la capture du Président Gbagbo ?
Pour répondre à cette question, permettez-moi de poser une autre question : pourquoi les Anglais dont c’était la colonie ne sont-ils pas intervenus militairement au Zimbabwe pour « capturer » Mugabe qui avait volé la victoire à Tsivangiraï lors de la présidentielle de 2007 ? Et au Kenya ? Je compare l’intelligentsia africaine à ce que tout le monde appelle la « communauté internationale », c’est-à-dire que nos frères et nos sœurs qui sont allés à l’école du « Blanc » sont totalement acculturés et leurs points de vue sont parfois plus nuisibles à leur propre continent et pire que ceux des colons eux-mêmes.
En tant qu’homme politique africain, quelle était à vos yeux la solution médiane à adopter pour ne pas prolonger la crise ivoirienne ?
Je crois qu’il fallait recompter les bulletins de vote comme Gbagbo l’avait demandé en étant évidemment d’accord sur l’authenticité des bulletins. A la limite, les Nations Unies auraient pu désigner une haute personnalité ivoirienne qui aurait formé un gouvernement « neutre » pour une transition d’un an à la fin de laquelle on aurait organisé une autre élection dont les bulletins de vote auraient été entièrement comptés par une Commission internationale électorale dont les membres ne seraient connus et désignés qu’au dernier moment, afin qu’on ne les corrompe pas. (Ah ! Cette corruption ! )
Vous avez, en 2010, organisé la présentation du livre « Paroles d’honneur » de Simone Gbagbo par l’auteur elle-même à Lomé ; M. le ministre, qu’est-ce qui fait la particularité de cette dame, au sens général du terme ?
Juste un petit rectificatif ; c’était en octobre 2009 que sur mon invitation, Madame Gbagbo avait bien voulu venir dédicacer son livre « Paroles d’Honneur » à Lomé. Honnêtement, tous ceux qui ont pu l’approcher vous diront que c’est une dame d’une très forte personnalité, malgré son attitude souvent empreinte d’humilité et de simplicité. Son intelligence interpelle le premier venu car elle sait aussi séduire par ses réparties et son éloquence remarquables. Je me disais qu’elle pourrait être la future Présidente de la Côte d’Ivoire, tellement j’ai été subjugué par le personnage qui m’a fait l’honneur d’accepter mon invitation dont les frais ont été totalement pris en charge par l’Etat togolais, grâce au président Faure Gnassingbé.
Pour vous qui connaissez l’ex première dame de la Côte d’Ivoire, que répondez-vous à tous ceux qui ont fait d’elle, dans les médias du Nord, une constante va-t-en-guerre ?
Vous savez, j’étais encore en France lorsque le Président français d’alors, François Mitterrand rendit visite à Thomas Sankara à Ouagadougou. Suite au message de Sankara à l’endroit de Mitterrand, j’avais dit à mon épouse que le jeune Capitaine burkinabé n’allait pas rester longtemps au pouvoir. Et cela n’a pas raté ! Vous savez, Gbagbo a boudé le défilé du 14 juillet dernier à Paris où tous nos chefs d’Etat africains francophones sont allés faire allégeance.
Comme on dit, « qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage » ; Mme Gbagbo est loin d’être une va-t-en- guerre ; c’est une grande chrétienne qui comme tout le monde devait avoir ses défauts, mais je ne crois pas que ce soit elle qui ait demandé à son Président de mari de s’armer. Gbagbo ne voulait plus se faire surprendre comme en 2002 par une autre rébellion, alors, « qui veut la paix, prépare la guerre » non ?
Dites-nous M. Freitas : Laurent Gbagbo aurait-il pu résister à l’Occident pendant 04 mois sans le soutien de ses proches et tout particulièrement de cette dame ?
Il paraît que la seconde épouse du Président Gbagbo, Mme Bamba, originaire du Nord du pays, lui aurait conseillé de laisser le pouvoir et de quitter le pays ; elle serait réfugiée elle-même au Ghana actuellement ; en plus, beaucoup de proches de Gbagbo n’ont pas tenu longtemps comme le Chef d’Etat-major Général, P. Mangou, qui s’était réfugié dans une ambassade. Mais je ne crois pas du tout que ce soit Simone Gbagbo qui ait exigé que son mari reste et s’accroche au pouvoir contre le monde entier en quelque sorte ! N’oublions pas que Laurent Gbagbo a lutté des années et a connu plusieurs fois la prison et l’exil avant de ramasser le pouvoir que Robert Gueï a laissé traîner par terre ! A mon humble avis, sans la présence de Simone Ehivet Gbagbo à ses côtés, le Président aurait pu tenir seul aussi longtemps ; personnellement, j’ai même été déçu qu’on le cueille comme un fruit mûr sans aucune résistance véritable. Tous ces morts pour finir comme ça ? Non, c’est inacceptable !
M. le ministre, sans vouloir être passéiste, en tant que proche du couple Gbagbo, quels conseils lui aviez-vous donnés, au plus fort de la crise ivoirienne, quand il se livrait au combat « seul contre tous » ?
Je vous remercie, mais très sérieusement et je vais vous décevoir ; je ne suis pas un proche du couple Gbagbo sinon cela se saurait et surtout, cela se verrait ! Je n’ai pas pu trouver le canal par lequel je pouvais lui dire de « laisser tomber » et de partir en exil quelque part avec ses proches. Nous n’aurions pas eu tous ces cadavres et tous ces réfugiés comme chez nous !
[…]
51 ans après les indépendances africaines, comment les élites dirigeantes de ce continent doivent-elles se comporter pour éviter l’ingérence de l’Occident dans leurs affaires intérieures ?
D’abord, dans ce cas précis de la Côte d’Ivoire, pour moi, c’était un véritable coup d’Etat préparé même avant les élections. Il fallait que coûte que coûte, Gbagbo soit battu aux élections et quitte le pouvoir ; c’était flagrant ! Comme nos Chefs d’Etat ne se respectent pas en s’accrochant pendant des décennies au pouvoir, en pillant nos pays et en cachant l’argent des pauvres populations dans les banques de l’Occident, et surtout en écrasant le peuple avec une dictature féroce, les « Blancs » non plus ne les respectent pas car ces derniers, surtout français et beaucoup plus que les Anglais ou les Portugais, continuent à pratiquer le néocolonialisme et à exploiter toutes les richesses de nos pays avec les encouragements intéressés de nos dirigeants qui ont une peur bleue d’être « débarqués » comme Gbagbo, s’ils ne marchent pas droit.
Lorsque les ordres ou les consignes de vote aux Nations Unies ne viendront plus de Paris en ce qui concerne les francophones ; lorsque nos dirigeants se respecteront en respectant leurs peuples qui les laissent au pouvoir faute de ne pouvoir les déloger après les fraudes massives, lorsque l’Union Africaine ne sera plus vide comme « ce machin-là » comme de Gaulle avait qualifié l’ONU, peut-être que nous commencerions à trouver des solutions africaines à nos problèmes africains.
La crise ivoirienne a démontré que les Etats africains demeurent largement à la merci de toute action militaire des Occidentaux. Réaction…
Nous sommes trop mous, trop bons, trop gentils, bref, le bon nègre qui est en nous ne change pas. Nous n’arrivons pas à manger à notre faim ni à nous soigner comme il faut. Seule une minorité s’accapare des biens matériels des pays pour s’enrichir, alors, comment voulez-vous que nous nous armions pour faire jeu égal avec l’Occident ? Et ce sont ceux-là qui nous vendent les armes qu’ils veulent, souvent obsolètes. Même Khadafi qui est peut-être le Chef d’Etat africain le plus armé a du mal à résister aux escarmouches de l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). Mais qui a la bombe atomique ? Et les sous-marins nucléaires ? Et les porte-avions ? Ne rêvons pas.
La page Gbagbo est-elle définitivement tournée à vos yeux ? Comment doit-on entrevoir l’avenir de la Côte d’Ivoire, au regard des représailles qui se poursuivent contre les proches et membres du Fpi ?
Rien n’est fini, nullement. A mon avis, on ne peut pas balayer du revers de la main dix années d’un pouvoir, même s’il ne fut pas militaire. Je proposerais à Alassane Ouattara de tout faire pour caresser les hommes de Gbagbo dans le bon sens du poil au lieu de chercher à « se venger ». De qui et de quoi se vengerait-il d’ailleurs ? Comment pouvait-il déclarer qu’il allait demander au Tpi de juger Gbagbo ? Et lui-même, qui va le juger pour la rébellion de 2002 et les tueries de Douékoué et les exactions commises par les forces dites « républicaines » etc. Personne ne peut dire que seuls les hommes de Gbagbo ont commis des horreurs ! Beaucoup d’Ivoiriens ont fui leur pays comme vous le savez ; on ne peut pas diriger un pays avec une moitié de la population contre l’autre moitié. L’exclusion est une plaie qui peut gangréner et produire des effets nocifs à long terme ; la plupart de nos dirigeants africains ne semblent pas l’avoir compris, mais tant pis, le jour où ça « chauffera », il n’y aura pas de pardon et ils chercheront en vain à passer par le trou d’une souris.
Pratiquement tous les pays africains ont ce problème d’ethnies qui ne s’aiment et ne se comprennent pas tout comme certains pays de l’Europe de l’Est.Horacio Freitas : D’abord, le mot « capturer » veut tout dire ; comment peut-on capturer un Chef d’Etat, un Président de la République si ce dernier n’était pas en fuite après avoir été jugé et condamné par un Tribunal. Et puis, en moins de dix ans, les forces qui étaient appelées « forces rebelles » sont devenues des « Forces républicaines ». Evidemment tout est possible dans une République bananière comme nous en avons tant en Afrique !
Pour répondre à votre question, je vous dirais que j’ai très mal vécu tous ces moments de souffrance morale pour moi et surtout, j’ai compris que nous étions à des années-lumière de la considération que j’aimerais que l’Occident ou nos anciens colons aient pour nos dirigeants africains. Quelle catastrophe !
Quelle lecture avez-vous faite du débat passionné dans l’intelligentsia africaine entre pros et contre ingérence de la France dans la capture du Président Gbagbo ?
Pour répondre à cette question, permettez-moi de poser une autre question : pourquoi les Anglais dont c’était la colonie ne sont-ils pas intervenus militairement au Zimbabwe pour « capturer » Mugabe qui avait volé la victoire à Tsivangiraï lors de la présidentielle de 2007 ? Et au Kenya ? Je compare l’intelligentsia africaine à ce que tout le monde appelle la « communauté internationale », c’est-à-dire que nos frères et nos sœurs qui sont allés à l’école du « Blanc » sont totalement acculturés et leurs points de vue sont parfois plus nuisibles à leur propre continent et pire que ceux des colons eux-mêmes.
En tant qu’homme politique africain, quelle était à vos yeux la solution médiane à adopter pour ne pas prolonger la crise ivoirienne ?
Je crois qu’il fallait recompter les bulletins de vote comme Gbagbo l’avait demandé en étant évidemment d’accord sur l’authenticité des bulletins. A la limite, les Nations Unies auraient pu désigner une haute personnalité ivoirienne qui aurait formé un gouvernement « neutre » pour une transition d’un an à la fin de laquelle on aurait organisé une autre élection dont les bulletins de vote auraient été entièrement comptés par une Commission internationale électorale dont les membres ne seraient connus et désignés qu’au dernier moment, afin qu’on ne les corrompe pas. (Ah ! Cette corruption ! )
Vous avez, en 2010, organisé la présentation du livre « Paroles d’honneur » de Simone Gbagbo par l’auteur elle-même à Lomé ; M. le ministre, qu’est-ce qui fait la particularité de cette dame, au sens général du terme ?
Juste un petit rectificatif ; c’était en octobre 2009 que sur mon invitation, Madame Gbagbo avait bien voulu venir dédicacer son livre « Paroles d’Honneur » à Lomé. Honnêtement, tous ceux qui ont pu l’approcher vous diront que c’est une dame d’une très forte personnalité, malgré son attitude souvent empreinte d’humilité et de simplicité. Son intelligence interpelle le premier venu car elle sait aussi séduire par ses réparties et son éloquence remarquables. Je me disais qu’elle pourrait être la future Présidente de la Côte d’Ivoire, tellement j’ai été subjugué par le personnage qui m’a fait l’honneur d’accepter mon invitation dont les frais ont été totalement pris en charge par l’Etat togolais, grâce au président Faure Gnassingbé.
Pour vous qui connaissez l’ex première dame de la Côte d’Ivoire, que répondez-vous à tous ceux qui ont fait d’elle, dans les médias du Nord, une constante va-t-en-guerre ?
Vous savez, j’étais encore en France lorsque le Président français d’alors, François Mitterrand rendit visite à Thomas Sankara à Ouagadougou. Suite au message de Sankara à l’endroit de Mitterrand, j’avais dit à mon épouse que le jeune Capitaine burkinabé n’allait pas rester longtemps au pouvoir. Et cela n’a pas raté ! Vous savez, Gbagbo a boudé le défilé du 14 juillet dernier à Paris où tous nos chefs d’Etat africains francophones sont allés faire allégeance.
Comme on dit, « qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage » ; Mme Gbagbo est loin d’être une va-t-en- guerre ; c’est une grande chrétienne qui comme tout le monde devait avoir ses défauts, mais je ne crois pas que ce soit elle qui ait demandé à son Président de mari de s’armer. Gbagbo ne voulait plus se faire surprendre comme en 2002 par une autre rébellion, alors, « qui veut la paix, prépare la guerre » non ?
Dites-nous M. Freitas : Laurent Gbagbo aurait-il pu résister à l’Occident pendant 04 mois sans le soutien de ses proches et tout particulièrement de cette dame ?
Il paraît que la seconde épouse du Président Gbagbo, Mme Bamba, originaire du Nord du pays, lui aurait conseillé de laisser le pouvoir et de quitter le pays ; elle serait réfugiée elle-même au Ghana actuellement ; en plus, beaucoup de proches de Gbagbo n’ont pas tenu longtemps comme le Chef d’Etat-major Général, P. Mangou, qui s’était réfugié dans une ambassade. Mais je ne crois pas du tout que ce soit Simone Gbagbo qui ait exigé que son mari reste et s’accroche au pouvoir contre le monde entier en quelque sorte ! N’oublions pas que Laurent Gbagbo a lutté des années et a connu plusieurs fois la prison et l’exil avant de ramasser le pouvoir que Robert Gueï a laissé traîner par terre ! A mon humble avis, sans la présence de Simone Ehivet Gbagbo à ses côtés, le Président aurait pu tenir seul aussi longtemps ; personnellement, j’ai même été déçu qu’on le cueille comme un fruit mûr sans aucune résistance véritable. Tous ces morts pour finir comme ça ? Non, c’est inacceptable !
M. le ministre, sans vouloir être passéiste, en tant que proche du couple Gbagbo, quels conseils lui aviez-vous donnés, au plus fort de la crise ivoirienne, quand il se livrait au combat « seul contre tous » ?
Je vous remercie, mais très sérieusement et je vais vous décevoir ; je ne suis pas un proche du couple Gbagbo sinon cela se saurait et surtout, cela se verrait ! Je n’ai pas pu trouver le canal par lequel je pouvais lui dire de « laisser tomber » et de partir en exil quelque part avec ses proches. Nous n’aurions pas eu tous ces cadavres et tous ces réfugiés comme chez nous !
[…]
51 ans après les indépendances africaines, comment les élites dirigeantes de ce continent doivent-elles se comporter pour éviter l’ingérence de l’Occident dans leurs affaires intérieures ?
D’abord, dans ce cas précis de la Côte d’Ivoire, pour moi, c’était un véritable coup d’Etat préparé même avant les élections. Il fallait que coûte que coûte, Gbagbo soit battu aux élections et quitte le pouvoir ; c’était flagrant ! Comme nos Chefs d’Etat ne se respectent pas en s’accrochant pendant des décennies au pouvoir, en pillant nos pays et en cachant l’argent des pauvres populations dans les banques de l’Occident, et surtout en écrasant le peuple avec une dictature féroce, les « Blancs » non plus ne les respectent pas car ces derniers, surtout français et beaucoup plus que les Anglais ou les Portugais, continuent à pratiquer le néocolonialisme et à exploiter toutes les richesses de nos pays avec les encouragements intéressés de nos dirigeants qui ont une peur bleue d’être « débarqués » comme Gbagbo, s’ils ne marchent pas droit.
Lorsque les ordres ou les consignes de vote aux Nations Unies ne viendront plus de Paris en ce qui concerne les francophones ; lorsque nos dirigeants se respecteront en respectant leurs peuples qui les laissent au pouvoir faute de ne pouvoir les déloger après les fraudes massives, lorsque l’Union Africaine ne sera plus vide comme « ce machin-là » comme de Gaulle avait qualifié l’ONU, peut-être que nous commencerions à trouver des solutions africaines à nos problèmes africains.
La crise ivoirienne a démontré que les Etats africains demeurent largement à la merci de toute action militaire des Occidentaux. Réaction…
Nous sommes trop mous, trop bons, trop gentils, bref, le bon nègre qui est en nous ne change pas. Nous n’arrivons pas à manger à notre faim ni à nous soigner comme il faut. Seule une minorité s’accapare des biens matériels des pays pour s’enrichir, alors, comment voulez-vous que nous nous armions pour faire jeu égal avec l’Occident ? Et ce sont ceux-là qui nous vendent les armes qu’ils veulent, souvent obsolètes. Même Khadafi qui est peut-être le Chef d’Etat africain le plus armé a du mal à résister aux escarmouches de l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). Mais qui a la bombe atomique ? Et les sous-marins nucléaires ? Et les porte-avions ? Ne rêvons pas.
La page Gbagbo est-elle définitivement tournée à vos yeux ? Comment doit-on entrevoir l’avenir de la Côte d’Ivoire, au regard des représailles qui se poursuivent contre les proches et membres du Fpi ?
Rien n’est fini, nullement. A mon avis, on ne peut pas balayer du revers de la main dix années d’un pouvoir, même s’il ne fut pas militaire. Je proposerais à Alassane Ouattara de tout faire pour caresser les hommes de Gbagbo dans le bon sens du poil au lieu de chercher à « se venger ». De qui et de quoi se vengerait-il d’ailleurs ? Comment pouvait-il déclarer qu’il allait demander au Tpi de juger Gbagbo ? Et lui-même, qui va le juger pour la rébellion de 2002 et les tueries de Douékoué et les exactions commises par les forces dites « républicaines » etc. Personne ne peut dire que seuls les hommes de Gbagbo ont commis des horreurs ! Beaucoup d’Ivoiriens ont fui leur pays comme vous le savez ; on ne peut pas diriger un pays avec une moitié de la population contre l’autre moitié. L’exclusion est une plaie qui peut gangréner et produire des effets nocifs à long terme ; la plupart de nos dirigeants africains ne semblent pas l’avoir compris, mais tant pis, le jour où ça « chauffera », il n’y aura pas de pardon et ils chercheront en vain à passer par le trou d’une souris.
En général, je ne suis pas pour les gouvernements « d’union nationale » qui pour moi retardent plutôt l’Afrique et l’instauration de la vraie démocratie ; mais dans le cas précis de la Côte d’Ivoire, je pense que ce sera nécessaire. Ouattara voulait le pouvoir et il l’a ; il est en train de s’installer sur des cadavres et des rancœurs ; il aurait donc intérêt à faire profil bas pour amadouer ceux qui ne doivent pas l’aimer forcément pour mille raisons et les amener à collaborer avec lui. Dans un premier temps, il devrait faire appel aux anciens pour former un « gouvernement de sages » parce que les jeunes technocrates n’ont pas l’expérience nécessaire pour avoir un langage de concorde nationale, un langage d’apaisement et d’union. En fait, il faut tout simplement mettre chacun à sa place en respectant l’équilibre géographique et ethnique comme pour la formation de tout gouvernement digne de ce nom.
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