« L’Afrique noire est mal partie » essai de René Dumont, dont ses détracteurs disaient « avec les malheurs des autres il fait des succès de librairie ». Près de 50 ans après sa parution, l’ouvrage du célèbre agronome et futur écologiste prête à sourire tant les analyses montrent une certaine candeur. Il a toutefois le mérite de souligner que finalement l’Afrique noire n’est pas vraiment mieux lotie maintenant qu’au moment de l’indépendance.
le colonialisme fut une erreur et une honte. Ses méfaits sont bien connus. Les frontières issues des grands empires coloniaux ou des découpages négociés principalement par la Grande-Bretagne, la Belgique et la France ont donné des pays souvent ingérables. On a obligé des ethnies violemment antagonistes à vivre ensemble, comme au Rwanda ou au Nigéria. Même s’ils ne sont pas hostiles les uns aux autres, les habitants de ces territoires ne parlent pas toujours la même langue et parfois n’avaient même pas en commun la langue des colonisateurs. On l’a vu au Cameroun et au Togo où certains habitants parlaient allemand et d’autres français ou anglais.
On a aussi fait cohabiter des musulmans et des chrétiens alors que les premiers voulaient imposer la charia aux seconds, comme c’est encore le cas au Nigéria ou au Soudan. On vient de découvrir le drame du Darfour mais on a oublié un peu trop vite une guerre de religion qui a opposé pendant vingt ans les soudanais arabes et musulmans du nord aux soudanais noirs et chrétiens du sud qui ont déploré un demi million de morts dans leurs rangs.
Il est évident aussi que le colonialisme a désorganisé pour longtemps l’économie de ces pays en favorisant des mono cultures ou mono productions qui ne permettent pas de diversifier les revenus des populations.
Le colonialisme est enfin coupable, mais pouvait-il en aller autrement, d’avoir suscité des besoins de consommation à l’occidentale dans un continent dont la vie des habitants n’avait rien en commun avec celle des colonisateurs. Si l’Afrique avait continué à vivre selon ses habitudes ancestrales elle n’aurait pas connu les famines qui l’ont décimée depuis 1957.
Il faut pourtant être réaliste. On pourra toujours essayer de rendre le colonialisme responsable de tous les maux du continent noir, on ne pourra faire abstraction des réalisations des puissances coloniales : routes, chemins de fer, ports, hôpitaux, universités etc… sont des infrastructures que les états africains auraient mis un siècle à construire et qui n’ont pas été entretenues comme il l’aurait fallu.
Faire le procès du colonialisme ne doit pas non plus cacher un fait essentiel : la majorité des états africains sont indépendants depuis près de 50 ans ?
Faire le procès du colonialisme ne doit pas non plus cacher un fait essentiel : la majorité des états africains sont indépendants depuis près de 50 ans. Le Libéria n’a même jamais été une colonie. En un demi siècle, considérons les progrès accomplis par un pays comme le Brésil ou certains pays d’Asie ! La Corée ravagée par la guerre et sans grandes ressources propres, Taïwan déséquilibrée par l’arrivée de deux millions de réfugiés en 1949, sont devenues cinquante ans plus tard des géants économiques.
Alors pourquoi pas l’Afrique ? L’Afrique est globalement riche. Son sous-sol recèle tous les métaux précieux dont les pays industrialisés ont tant besoin, et du pétrole en abondance par-dessus le marché. Ses forêts, si elles étaient bien gérées, pourraient assurer aux populations concernées des revenus confortables pendant des siècles. Son agriculture aussi pourrait au moins nourrir mieux sa population.
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