Ancien élève de l’École d’application de l’infanterie de Saint-Maixent et de l’École de guerre, à Paris, Gueï, qui a fêté l’avènement de l’an 2000 à Kabacouma, avec ses anciens camarades français de Saint-Cyr (Promotion « Serment de 1914 »), connaît bien les us et coutumes de la vie politique française. S’il a dénoncé, au plus fort de la mutinerie, les immixtions « inacceptables » de Michel Dupuch, le conseiller de Chirac pour les Affaires africaines, soupçonné de vouloir « imposer Bédié au peuple ivoirien », c’est parce qu’il sait pertinemment qu’il n’y a pas, dans la capitale française, d’unité doctrinale sur la question. Mais, sans doute aussi, en habile tacticien, pour mieux vanter, quelques jours plus tard, les mérites de cette « grande et prestigieuse France qui nous a émerveillés parce qu’elle a cassé la stratégie de ceux qui voulaient jeter le pays dans une crise aux conséquences insoupçonnables ».
Et s’il répète à l’envi que les militaires rentreront le plus vite possible dans leurs casernes, il omet de fixer une échéance et entretient soigneusement le mystère au sujet de ses propres intentions. Se retirera-t-il une fois sa mission achevée, comme naguère le général malien Amadou Toumani Touré ? Possible. Pourtant, certains hommes politiques, toutes tendances confondues, travaillent d’ores et déjà, dans l’ombre, à son éventuelle candidature à la présidentielle. « C’est un rassembleur qui rappelle, par certains côtés, Houphouët. Ce sera un candidat idéal pour barrer la route du pouvoir à Gbagbo et, surtout, à Ouattara », confie un ancien ministre proche du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA).
Mais, pour l’heure, le général a d’autres urgences. Former une équipe largement ouverte à tous les courants d’opinion – PDCI compris – et dans laquelle les militaires contrôleraient plusieurs portefeuilles de souveraineté, sans tomber dans le piège d’un gouvernement des partis. Il doit également maintenir la fragile unité et la cohésion du mouvement militaire qui a rendu la révolution possible, remettre la Côte d’Ivoire au travail et, surtout, renouer au plus vite avec les bailleurs de fonds...
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