Quatre ans après l’affront, et alors même qu’il venait d’être amnistié et mis à la retraite d’office, le général prend donc une éclatante revanche en devenant le troisième président de la Côte d’Ivoire indépendante, à l’issue d’une mutinerie conduite par ses « p’tits gars » de la Force d’intervention rapide des para-commandos (Firpac). Cette unité d’élite, qu’il a lui-même créée, s’était tristement illustrée, en mai 1991, lors d’une sanglante expédition punitive sur le campus de Yopougon.
Houphouët, on le sait, travaillait de préférence dans sa résidence de Cocody. Et Bédié, au Palais de la présidence, au Plateau. Dix jours après le coup d’État – car c’en était un, quoi qu’en dise son auteur –, le général Robert Gueï recevait encore ses visiteurs au milieu des siens, dans l’enceinte du camp Gallieni – dont il supervisa jadis les travaux de rénovation –, en plein cœur du Plateau, le quartier administratif et des affaires. Une caserne comme on n’en trouve pratiquement plus sur le continent : verdoyante, aérée, propre...
Situé au premier (et unique) étage d’un immeuble qui domine le mess des officiers, le bureau du général est à l’image de son occupant. Sobre. Pas de conditionneur d’air ni de télévision, mais un simple poste de radio à ondes courtes posé sur un petit meuble, derrière un grand bureau qui, curieusement, semble ne pas avoir beaucoup servi ces derniers temps. À gauche en entrant, au-dessus d’un autre bureau, trônent des dossiers sur lesquels quelqu’un a oublié une liste manuscrite de numéros de téléphone. Surprise : il s’agit des standards de plusieurs chefs d’État et responsables africains et européens. En tête, les numéros du président français, Jacques Chirac, et de son Premier ministre, Lionel Jospin. Les bonnes habitudes ont décidément la vie dure ! Un coin salon complète les locaux présidentiels.
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