L’ancien chef d’état-major limogé par Bédié en 1995 prend une éclatante revanche. Même si ses relations avec Houphouët ne furent pas toujours sans nuages, il s’efforce aujourd’hui d’apparaître comme son véritable héritier. Portrait.
Félix Houphouët-Boigny se méfiait de Robert Gueï. C’est pour l’avoir à l’œil que, en 1990, il avait nommé ce jeune colonel de 49 ans au poste de chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci), alors que celui-ci était loin d’être l’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé. À ceux qui avaient tenté de l’en dissuader, arguant notamment de la vénalité supposée de l’officier, le « Vieux » aurait répondu, non sans cynisme : « Eh bien, s’il aime l’argent, je lui remplirai les poches ! »
Successeur constitutionnel d’Houphouët, Henri Konan Bédié redoutait, pour sa part, l’indépendance et l’esprit frondeur de Gueï, dont la popularité chez les hommes du rang l’agaçait. Un jour d’octobre 1995, il l’a donc relevé de son poste pour le nommer ministre du Service civique, chargé – ça ne s’invente pas ! – de « préparer un plan d’installation des jeunes agriculteurs modernes à la terre » (il en fera, par la suite, son ministre de la Jeunesse et des Sports). Le chef d’état-major venait, il est vrai, en cette veille d’élection, de refuser de réprimer les manifestations de l’opposition. « L’armée ne doit intervenir que lorsque la République est en danger, avait-il expliqué au cours d’une mémorable conférence de presse. Dès lors que la compréhension guide les pas de chacun, qu’il soit du parti au pouvoir ou de l’opposition, je ne vois aucune raison pour que les militaires aillent s’exciter dans la rue. » Bédié lui a donc fait payer ces propos téméraires. L’année suivante, il ira encore plus loin en le radiant de l’armée à la suite d’un « complot » dont la réalité est loin d’être avérée.
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