- Parfois, on a l`impression qu`en fuyant une réalité jugée catastrophique, on trouverait le mieux-être ailleurs. Mais l`aventure
nous réserve des surprises désagréables. En allant à la rencontre des Ivoiriens réfugiés souvent au Ghana, un refrain est entonné sur toutes les lèvres de tous ceux que nous avons rencontrés: les conditions de vie sont difficiles, et la tentation d`un retour au pays natal effleure des esprits, sous réserve de certaines conditions. Reportage!
Première escale, Elubo. Ce gros village est la première localité ghanéenne qu`on trouve lorsqu`on franchit le pont qui relie la Côte d`Ivoire au Ghana via la ville frontalière de Noé. Du monde, il y en a en ce lieu. Beaucoup même. Point besoin de se poser des questions pour comprendre cette animation particulière. Noé, c`est d`abord le lieu de transit pour les voyageurs en partance vers les voisins de l`est de la Côte d`Ivoire. Ensuite, il y a le commerce qui s`est développé à cette frontière. Enfin, à Elubo, de nombreux Ivoiriens qui ont fui la guerre à Abidjan, ont trouvé refuge. Parmi les visages peu familiers que nous rencontrons (mon guide et moi), deux jeunes attirent notre attention. L`un se prénomme Ange et l`autre, Samuel. Ce sont des Ivoiriens. Habitant Yopougon, Ange et Samuel ont dû fuir les combats dans cette commune de la capitale économique ivoirienne. Pour ces jeunes, le destin a voulu qu`ils se retrouvent de l`autre côté de la frontière, en territoire inconnu. «Un bon matin je me suis levé très tôt et j`ai suivi un groupe de personnes qui allaient vers Bassam. Après deux jours de marche, je me suis retrouvé ici», raconte Samuel. «Il fallait quitter Abidjan parce qu`on nous prenait pour des miliciens, c`est ce que nous avons fait sans savoir exactement où nous partions», ajoute Ange. Un peu plus loin, Antoine nous accoste. C`est une vieille connaissance. A pas lents et dandinant comme dans un état d`ivresse, il s`approche de nous. Mais un constat se dégage: il est véritablement amaigri. Et pourtant, c`était à l`époque un colosse de 1,80m avec un poids qui avoisinait 110 kg. Car à Abidjan, Antoine assurait la garde rapprochée d`un puissant homme d`affaires. Il était toujours assis en avant d`une grosse cylindrée climatisée lors des différents déplacements du boss, dînant dans des restaurants huppés d`Abidjan et de Yamoussoukro. Mais il a été obligé d`abandonner cette vie paisible et enviée pour tenter de survivre de son refuge au Ghana. Qu`est-ce qu`on lui reproche exactement? «A Anono où j`habitais, on m`accusait d`entraîner un groupe de miliciens. Ce qui n`était pas vrai. Les menaces sur ma vie étaient telles que je ne pouvais plus prendre le risque de rester sur place », explique-t-il, sans grand souffle. Antoine n`avait, en effet, rien mangé depuis le matin, et il était 14 heures.
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