Réfugiés et réfugiés
Deux catégories de réfugiés se rencontrent à Elubo. Il y a ceux qui sont pris en charge par l`Office international de l`immigration(OIM) et ceux qui décident de se loger soit dans des hôtels, soit dans des appartements pris en location. Pour la première catégorie, la situation est intenable. Un camp de transit a été aménagé pour accueillir ces réfugiés. Ils dorment sous des tentes, et la qualité de vie fait grogner de plus en plus les Ivoiriens. Mais leurs voix sont inaudibles devant les moyens limités des services d`immigration. «On nous sert de la nourriture au goût bizarre. Quand on se met dans le rang à 18 heures, tu peux y rester jusqu`à 22 heures», nous confie Nina, une lycéenne de 18 ans, de nationalité centrafricaine, sortie de la commune d`Abobo où elle vivait avant la guerre. En principe, quand vous arrivez au camp de transit, vous en ressortez au bout de quelques jours pour une autre destination, après votre identification. Mais des Ivoiriens se plaignent de leur présence prolongée au camp d`Elubo. «Cela fait un mois que nous sommes ici, mais l`on nous refuse le droit de partir à Ampain», s`emporte Ange. «Les gens nous prennent pour des miliciens et ont peur qu`on aille de l`autre côté», renchérit-il. «Ici, nous privilégions ceux qui arrivent en famille», se défend un agent des services d`immigration, sous le couvert de l`anonymat. Quant à l`autre catégorie d`Ivoiriens qu`on rencontre à Elubo, elle donne l`impression d`être mieux lotie. Mais la vie n`est pas aussi rose. Un confrère qui a occupé les fonctions de rédacteur en chef dans un quotidien proche de l`ancien régime, fait partie de ces exilés. Les conditions de vie, ajoutées aux soucis familiaux l`ont rendu méconnaissables. «J`ai franchi la frontière sans argent. J`ai reçu un mandat de mes frères qui se trouvent en Europe. Mais cet argent est fini. Ma femme était enceinte, mais elle a fait une fausse couche à cause des problèmes», nous confie-t-il, le regard plongé dans le vide. Logé dans un hôtel, ce dernier a dû, au bout d`un mois, déserter les lieux pour trouver refuge chez une vieille connaissance. «L`hôtel me revenait cher et c`est un ami qui a bien voulu m`héberger chez ses parents», explique le journaliste. Nous lui expliquons notre volonté d`échanger avec les autres Ivoiriens qui vivent comme lui. Ce sont pour la plupart des personnalités très connues de la politique ivoirienne, de la «galaxie patriotique» notamment. En effet, ces derniers ne sont pas très en vue à Elubo. Ils vivent dans des lieux tenus secrets. Pour les rencontrer, le journaliste réfugié décide de les convaincre. Le lendemain, il nous informe que sa démarche a échoué. «Dans leur grande majorité, ils ont décliné l`invitation. Ils ont peur pour leur sécurité», explique-t-il.
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