Elément primordial du contrat social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.
Cette stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.
« Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux. »
1 – Le mensonge
C’est la méthode la plus courante. Il s’agit de mettre le public sur de fausses pistes ou de formuler la réalité en des termes éludant l’essentiel de la vérité. On préfèrera parler de Force Républicaines au lieu de parler de Forces Armées des Forces Nouvelles qui sont clairement des forces rebelles et illégales. Ou encore on dit une chose et on fait son contraire. Comme dire qu’on va vers la réconciliation et qu’on prépare la guerre en sous main.
2 – Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée “problème-réaction-solution”. On crée d’abord un problème, une “situation” prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des agressions sanglantes, des pillages généralisés afin que le public soir demandeur de plus de sécurité au détriment de la liberté. On remarquera que ces violences ont augmentés depuis la victoire des FRCI. Qui osera en ce moment en Côte d’Ivoire parler de marche de l’opposition et de liberté de presse. La liberté qui était un droit dans une Côte d’Ivoire en guerre et en crise est devenue un luxe. Ou encore : créer une crise économique par des embargos sur café-cacao ou la fermeture des banques, pour atteindre certes des objectifs politiques mais aussi pour préparer le terrain pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics qui sont dans la logique des politiques libérales du type du Fonds Monétaire International.
3 – La stratégie du dégradé
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en “dégradé”, sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils étaient appliqués brutalement. C’est de cette façon aussi que l’appui de la France et l’ONU à la rébellion est monté en puissance. Du refus de soutenir un gouvernement légal en 2002 au soutien armé à gouvernement dit légal en 2010 à la suite d’élections contestables donc contestées. En passant par les nombreuses crises entre la France, l’ONU et ce gouvernement. Il faut juste rappeler que le gouvernement de 2002 fut installé à la suite d’élections contestées.
4 – Stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme “douloureuse mais nécessaire”, en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que “tout ira mieux demain” et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le montant sera venu. C’est ainsi qu’a été traité la question du non-désarmement des forces rebelles du Nord.
5 – S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? Si on adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. C’est par cette méthode qu’un discours “très sérieux” a tenté de nier toute relation entre le leader du RDR et la rébellion. Ou encore de la France qui dit avoir intervenu en Côte d’Ivoire tantôt pour éviter tantôt un génocide tantôt uniquement pour détruire les armes lourdes du gouvernement en place en Côte d’Ivoire.
6 – Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… On justifiera ainsi la position de la France en Côte d’ivoire comme nécessaire pour faire partir un dictateur tueur de manifestants aux mains nus. On abreuvera l’opinion d’images de morts et d’atrocité sans aucune preuve sur les auteurs et les circonstances de leur mort. Mais qu’importe on veut juste susciter une émotion, il ne s’agit de faire réfléchir. On assistera par exemple à des reportages sur des chaines de télévision françaises sur la Côte d’Ivoire illustrés par des images sur le génocide rwandais. On recherche le sensationnelle pour émouvoir et court-circuiter l’analyse rationnelle. Il faut empêcher le public de se poser cette question simple : « mais que se passe-t-il au juste en Côte d’ivoire ? ».
7 – Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
A un niveau plus élevé, on fera en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.
La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être de la pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Les enfants des élites, eux seront inscrites dans les meilleures universités du monde.
A un niveau plus bas, on l’empêchera le public d’avoir simplement accès à l’information complète. On lui présentera une seule version des faits.
8 – Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver “cool” le fait d’être bête, vulgaire, et inculte. A son opposant, le leader du RDR a qui on reconnaissait de grandes compétences techniques et un puissant réseau international, le gouvernement précédent répondait que son champion était un homme courageux et grand politicien, sans entendu rusé, roublard. On dira même qu’il est proche du peuple. Comme si c’était le but recherché d’une Présidence.
9 – Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique ou politique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution ! C’est la méthode utilisée en ce moment contre les militants du LMP. Etre militant du LMP est devenu une tare. Les militants sont invités à venir à la réconciliation sans hypocrisie. C’est-à-dire en reconnaissant avant tout qu’ils ont tort et acceptant les brimades et exactions comme la suite logique de leur supposés comportement délictueux.
10 – Connaitre les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurances de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurologie, et la psychologie appliquée, le “système” est parvenu à une connaissance avancée de l’être humaine, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaitre l’individu moyen que celui ne se connait lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. Les sondages, les sociologues, les politiques produisent des savoirs qui ne sont accessibles à la masse et qui permettent aux élites de continuer leur domination parce que connaissant bien notre société. Lors des dernières élections par exemple, les Baoulés allaient-ils voter pour celui se présentait comme le candidat des Ivoiriens ou bien allaient suivre les consignes de votes donnés par les chefs traditionnelles ? Une bonne connaissance de ce peuple et de ses us a été élément fondamental dans le deuxième tour de scrutin en Côte d’Ivoire.
Pendant que le public ivoirien se débat dans les méandres de ces débats puérils et inutiles, une nouvelle gouvernance du monde sans l’ONU. Le monde arabe est bouleversé et de pseudo-démocraties se mettent en place. Comme dirait l’autre, le monde avance et nous on tente de vivre loin de la colère, des exactions et de l’ignorance des FRères CIssé
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