tisdag 10 maj 2011

Côte d’Ivoire : Gbagbo doit gagner pour que la démocratie l’emporte – par Olympe Bhêly-Quenum


Olympe Bhêly-Quenum, le plus grand écrivain Béninois (et accessoirement un des premiers abonnés historiques du Gri-Gri) au micro d’Ali Camus de Lynxtogo.info. Morceaux choisis.
« Eh bien ! J’étais choqué, profondément indigné d’avoir entendu à la télévision le chef de l’Etat français proférer un diktat demandant à un chef d’État africain de se soumettre ; c’était comme à l’ère coloniale où les commandants de cercle péroraient leurs injonctions aux « boys ». C’était inadmissible en 2010 ; ce ne le sera pas en 2011 : intellectuels africains, sortez du bois ! Je vous invite à l’indignation et à la révolte, sinon, aujourd’hui chiens couchants de ceux qui vous encensent dans les journaux, ce sont les mêmes qui, demain, vous vomiront avant que vous ne deveniez des barbons : ce qui se passe en Côte d’Ivoire est autant notre problème que celui de ceux qu’on recrute et rémunère afin qu’ils en discutent, suggèrent des menaces qu’ils n’oseront jamais mettre à exécution.
« Incroyablement ahurissant, les journaux français que j’ai lus semblaient pro-Ouattara, vouaient Gbagbo aux gémonies et passaient sous une dalle de granit ce texte d’un journaliste américain diffusé par Internet. Gary Bush un journaliste americain dit tout sur la guerre au Golf et à Tiébissou. « Ceux que vous voyez sont des rebelles de Ouattara, quittant son siège de campagne, l’Hôtel du Golf, dans leur tentative de prendre par les armes la Rti, la télévision nationale, le jeudi afin de la remettre à Ouattara. Ils ont été confrontés à un feu intense et décimés. Ils ont perdu un de leurs dirigeants, probablement Issiaka Ouattara dit Wattao. Toutes leurs armes leur ont été fournies à l’Hôtel du Golf par la France et l’Onu qui agissent comme ignorantes de tous ces faits. Certains des rebelles portaient des uniformes de l’Onu. Aujourd’hui, l’armée ivoirienne a détaillé, à la télévision, tous ces faits. Certains groupes civils de Droits de l’Homme demandent au Président Gbagbo de suspendre les relations diplomatiques avec la France et de demander à tous les soldats français de quitter la côte d’Ivoire. Gbagbo agira t-il ? La question, comme toujours, demeure. Ces « soldats» rebelles sont ce que Ap, Reuters, et d’autres appellent « civils ». Le jeudi, 10 soldats de l’armée de Côte d’Ivoire ont été tués sur plusieurs fronts. A l’Hôtel du Golf seul, 38 des rebelles de Ouattara ont été envoyés en enfer. Ni Reuters, ni Afp ni Ap n’en parlent. Mais lorsque vous entendez les rebelles, ils ne peuvent s’empêcher d’en parler. Guillaume Soro a promis de passer à l’attaque une fois encore ce vendredi. Mais aucun de ses « soldats » ne s’est présenté. Peut-être que l’Onu et la France étaient en train de les réarmer après les lourdes pertes qu’ils ont subies. Ce sont ces mêmes rebelles qui occupent le nord de la Côte d’Ivoire depuis 2002. A 40 km au Nord de Yamoussoukro, un autre groupe de rebelles de Ouattara venant de Bouaké a tenté de faire main basse sur Tiébissou. Mais l’armée de Côte d’Ivoire les y attendait. Encore une fois, ils ont subi de lourdes pertes. La France et les rebelles de Ouattara n’ont jamais désarmé. Ils sont encore dans le Nord où le viol et le meurtre sont leur jeu favori. Néanmoins, vous n’entendrez rien à ce sujet. Aujourd’hui, la représentante de l’Amérique à l’Onu, Susan Rice, lors d’une conférence de presse, a parlé des évènements d’Abidjan. Lorsqu’elle a été interrogée sur les rebelles attaquant Tiebissou, elle a tenté d’éviter la question, avant de répondre que ce n’était pas important en termes d’attaque. (…)
« Gbagbo doit gagner pour que la démocratie l’emporte. Un politicien qui envahit un pays avec des assassins sans cœur ne devrait jamais être autorisé à devenir Président, même avec l’aide de l’ensemble de l’Organisation des Nations unies et 95 % des élections truquées. L’indépendance de la France n’est pas gratuite. Ne laissons pas Sarkozy installer une autre marionnette française en Afrique. Du moins, pas en Côte d’Ivoire. (…)
« Aujourd’hui, comme hier en septembre 2002, lors du déclenchement d’une rébellion militaire ouvertement soutenue, voire totalement planifiée par un chef d’État voisin, Blaise Compaoré, et fait inédit en Afrique subsaharienne, coupant le pays en deux, l’opinion publique africaine et internationale s’est vue servir une interprétation unilatérale, voire tronquée, des événements. (…) Hier avec Jacques Chirac, aujourd’hui avec Nicolas Sarkozy, selon des méthodes différentes, l’objectif est le même : évincer coûte que coûte Laurent Gbagbo du pouvoir, et préserver la cohésion du pré carré français en Afrique. Finalement la rebellion était un alibi pour la France de destituer Laurent Gbagbo tout en se cachant derrière l’ONU, L’UA et la CEDEAO….(…)
« Jamais l’ONU n’a outrepassé de telle manière son mandat, y compris au Timor oriental, au Kosovo, en République démocratique du Congo, pour ne citer que ces exemples. Faisant fi des institutions d’un pays souverain, membre des Nations Unies depuis cinquante ans, et ne se donnant pas le temps de permettre à la Commission électorale de débattre des contestations soulevées au cours des délibérations, M. Choi a incontestablement cédé aux pressions de certains pays, dont et surtout la France représentée en Côte d’Ivoire par un ambassadeur dont le parcours professionnel est un parfait condensé de la Françafrique.
Par Olympe Bhêly-Quenum

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